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L'inoubliable Daniel Balavoine
26 juin 2013

Chanteur populaire La carrière inachevée (L'Humanité, 3 juin 2000)

Chanteur populaire La carrière inachevée



Daniel Balavoine est mort dans l'hélicoptère de Thierry Sabine, organisateur du Paris-Dakar, le 14 janvier 1986. Il était alors au sommet de son succès.



" Je m'emporte pour ce qui m'importe ", avait coutume de rétorquer Daniel Balavoine à ses détracteurs. Une formule à l'emporte-pièce, peut-être. Mais qui résume assez bien le personnage, un écorché vif amoureux fou de la vie. Durant presque dix ans, les ballades de Balavoine ont rythmé nos vies, pendant que ses coups de cour ou ses coups de gueule déchaînaient les passions et les médias.

Né en 1952, le petit Daniel passe son enfance au Pays basque, entre Pau et Biarritz. Il se lance dans la chanson, en 1968, après avoir hésité entre cette carrière et la politique. Durant deux années, il se produit dans les bals du samedi soir, où il chante les gros succès du moment. Puis il monte à Paris, où il connaît quelques années de vaches maigres.

En 1974, il devient choriste de Patrick Juvet, alors en pleine gloire. Le minet blond remarque le timbre de voix particulier de Balavoine. Il demande à son choriste de lui écrire une chanson, Couleurs d'automne, sur son album Chrysalide.

Mais le vrai déclic intervient dans la carrière du chanteur en 1979. À cette époque, Daniel Balavoine participe à l'opéra rock de Michel Berger, Starmania. Quelques semaines plus tard sort l'album le Chanteur : " Je me présente, je m'appelle Henry... ". Un million de 45 tours sont bientôt vendus. Balavoine s'entête, sort dans la foulée un autre album, intitulé Face amour face amère, où son succès se confirme avec Rougeagèvre ou Mon fils, ma bataille.

Et puis, sa carrière prend un tour inattendu le 16 mars 1980. François Mitterrand, alors premier secrétaire du Parti socialiste et candidat aux élections présidentielles, invite Daniel Balavoine sur le plateau du journal télévisé de France 2, comme " représentant de la jeunesse ". Au bout de quarante minutes d'émission, Balavoine craque. Pour lui, " la jeunesse est profondément désespérée parce qu'elle n'a plus d'appui, elle ne croit plus en la politique française ". Il dit aussi que " le désespoir est mobilisateur ", que c'est " dangereux et que ça entraîne la bande à Baader et des choses comme ça, et il faut que les grandes personnes qui dirigent le monde soient prévenues que les jeunes vont virer du mauvais côté parce qu'ils n'auront plus d'autre solution "...

Dès le lendemain, c'est un raz de marée. Hommes et femmes politiques, médias, partis, contredisent, infirment, s'arrachent Daniel Balavoine. Pour les uns, il est propulsé porte-parole de la jeunesse (il a quand même vingt-huit ans à l'époque...) ; pour les autres, il est à côté de la plaque. N'empêche : durant plusieurs semaines, " l'affaire " fait couler beaucoup d'encre dans les rédactions. D'autant que les prises de position de Balavoine se multiplient. Plus d'une fois, il se retrouve à contre-courant. Il devient une sorte de poil à gratter de la société française. Les uns l'encensent, les autres l'exècrent. Lui, il s'en moque. Il est bien, heureux, et sa carrière s'envole.

Fin 1985, il sort son album le plus abouti, Sauver l'amour. Un album plus grave que les précédents. Il y parle de la difficulté d'aimer, mais aussi de la richesse des différences culturelles (l'Aziza), de sa haine de la guerre (Petit Homme mort au combat), de l'Afrique que Daniel connaît... un peu. Comme quelqu'un qui a participé deux fois au rallye Paris-Dakar, sans avoir les yeux dans sa poche. Pour l'édition de 1986, il décide d'apporter cinquante pompes à eau au Mali, afin d'aider les populations à irriguer leur récolte. Et puis, le 14 janvier, c'est le drame. Daniel Balavoine prend place dans l'hélicoptère de l'organisateur emblématique du Dakar, Thierry Sabine. À ses côtés, se trouvaient aussi la journaliste Nataly Odent, le radio Jean-Paul Le Fur et le pilote François-Xavier Bagnoux.

Ce jour-là, au Mali, règne une terrible tempête. L'hélicoptère heurte une dune de sable. Tous les occupants d l'appareil périssent dans l'accident. Daniel Balavoine est fauché en pleine gloire. Il allait avoir trente-quatre ans.

Caroline Constant

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