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L'inoubliable Daniel Balavoine
27 décembre 2014

Affirmations de M. Bruno Bagnoud : Sabine pilotait l’hélico de la mort.

Affirmations de M. Bruno Bagnoud : Sabine pilotait l’hélico de la mort. (L’Express Neuchâtel 21/01/1986).

 

Ce n'est pas François-Xavier Bagnoud, mais Thierry Sabine, PDG du rallye Paris-Dakar, qui pilotait l'hélicoptère qui s'est écrasé le 14 janvier au Mali. M. Bruno Bagnoud, père de François-Xavier, l'affirme après s'être rendu sur les lieux du drame et avoir retrouvé le carnet de bord de son fils dans les débris de l'appareil.

Le quotidien «Nouvelliste et Feuille d'Avis du Valais» qui annonce cette nouvelle émet une autre hypothèse, mais plus fragile celle-là, l'appareil pourrait avoir été abattu par des tireurs maliens. Par ailleurs, l'hélicoptère «Ecureuil» n'aurait pas heurté une dune contrairement a ce qui a été dit: il est tombé comme une feuille morte, a précisé le père de François-Xavier Bagnoud.

«TROP DANGEREUX!»

De retour de Bamako, le directeur d'Air-Glaciers, lui-même pilote chevronné, a retracé pour le quotidien valaisan les circonstances du drame sur la base de témoignages et du carnet de bord de son fils. On apprend ainsi que François-Xavier Bagnoud avait posé son appareil à Gao mardi à 15 h 57. « Pour aujourd'hui, c'est tout...», déclare-t-il alors à Cyrille Pêcherie, collaborateur d'Antenne 2, qui avait passé la journée à bord de l'appareil. Mais Thierry Sabine arrive en trombe au volant d'une voiture dans laquelle se trouvent Daniel Balavoine et la journaliste Nathalie Odent. Il demande à François-Xavier de redécoller immédiatement. «Pas question ! La nuit va tomber, c'est trop dangereux», répond le jeune pilote valaisan. Ayant lui aussi un brevet de pilote, Thierry Sabine, qui avait pris les commandes de l'«Ecureuil» depuis plusieurs jours à la suite de tensions avec François-Xavier, monte dans l'hélicoptère et met en marche la turbine. Bagnoud reste au sol. Mais il est seul responsable de l'appareil. Alors, il décide finalement de grimper à bord par acquit de conscience. Les témoins sont formels: il occupait la place du copilote, a précisé encore Bruno Bagnoud. Le carnet de bord de l'hélicoptère mentionne que celui-ci a décollé à 17 h 18 de Gao pour Gassi. Il en est reparti à 18 h 47 et a volé pendant 51minutes, se posant à deux reprises. A 19 h 38, l'appareil se trouvait sur la piste, à 21 km de l'arrivée de l'épreuve spéciale de Ghourma. Arrive alors l'équipage valaisan Bosi-Veillon à qui Thierry Sabine déclare : On a dû se poser. Il n'y a aucune visibilité. Sabine demande alors aux deux concurrents de prévenir l'organisation de la course, à l'étape de Ghourma, pour qu'on lui envoie une voiture. Puis plus rien. Un concurrent déclarera toutefois avoir vu des feux bleus vers 20 h au-dessus de lui.

 

TRACES DE BALLES

 

 La nuit était noire, mais aucun vent de sable ne soufflait, croit encore savoir Bruno Bagnoud. Selon lui, l'appareil s'est écrasé sur un terrain plat et n'a pas heurté de dune. Il devait voler entre 80 et 120 km/h lorsqu'il s'est vraisemblablement trouvé en déséquilibre. La preuve ? Des traces que le pilote valaisan a relevées sur les lieux de l'accident. Au moment du drame, le Mali étaitencore en conflit avec le Burkina-Fasoet le couvre-feu régnait depuis longtemps lorsque l'appareil s'est écrasé des impacts de balles relevés sur trois véhicules courant le Paris-Dakar laissent penser que l'appareil de Thierry Sabine aurait été abattu. Bruno Bagnoud ne s'explique pas les causes de l'accident. Il a confié au «Nouvelliste» qu'on pouvait croire à cette version des faits. L'hélicoptère aurait dû redécoller subitement pour échapper à une fusillade.

 

PILOTE CONFIRME

 

Sabine avait un brevet de pilote.Mais lequel ? Et de combien d'heures de vol en hélicoptère pouvait-il se prévaloir ? Interrogé, un pilote neuchâtellois chevronné admet que depuis l'annonce de l'accident, il s'était pris à douter que ce fût bien F.-X. Bagnoud qui était aux commandes. Jamais un pilote n'aurait accepté de partir dans de telles conditions ! A fortiori un homme connaissant bien son métier et Bagnoud le connaissait. Il y a sans doute été contraint. Ce pilote neuchâtelois était dans la région il y a deux ans. Une tempête de sable l'avait contraint lui aussi à renoncer à voler : Dans un tel cas, pas question de décoller.

Il faut attendre. La même personne ne tarit pas d'éloges sur François-Xavier Bagnoud. Ingénieur aéronautique, formé aux Etats-Unis, le jeune Valaisan avait passé il y a un an l'examen conférant la licence d'aspirant-instructeur. Le pilote neuchâtelois avait alors apprécié à leur juste valeur les solides connaissances de F.-X. Bagnoud. (AP/FAN)

 

 

Autant en emporte le sable

 

Il y a quelque chose de poignant dans cette obstination d'un père qui remue ciel et sables et cherche à savoir pourquoi son fils est mort. Tous autant que nous sommes,foudroyés par la cruauté du sort et doutant de ses mécanismes, nous le ferions aussi. Bruno Bagnoud n'accuse personne. Preuves à l'appui, le cœur meurtri mais la tête froide, il constate simplement que Sabine a forcé la main à son fils et que celui-ci, trop faible parce que trop droit, est quand même monté dans l'hélicoptère dont il n'avait pas le contrôle. François-Xavier Bagnoud savait que le risque était peut-être au bout des pales, mais il l'a couru.Seuls le métier qu'il aimait profondément au point de lui offrir sa vie, sa conscience professionnelle et son sens de l'honneur expliquent cette attitude. C'était son appareil.Sur la mer, même lorsqu'elle est déchaînée et a raison des deux, Un capitaine ne quittait jamais son navire. Et si quelque boîte noire avait pu restituer ce qui s'est dit à bord de l'« Ecureuil», il y a gros à parier que les paroles n'ont pas dû être tendres. Depuis quelques jours, le torchon brûlait entre Sabine et Bagnoud. On peut imaginer l'un criant casse-cou, l'autre dictant son orgueilleuse volonté, aveuglé par son étoile et d'autant plus persuadé de son éclat qu'ivre de son succès, il ne la voit pas faiblir. Car aux grincements des pneus s'ajoute désormais le bruit de la grogne, de l'incompréhension et des doutes. A quoi sert un tel rallye ? N'est-ce pas de l'argent jeté dans le sable quand des centaines de milliers d'êtres humains, affaiblis, affamés, s'y couchent pour ne jamais plus se relever ? Haroun Tazieff. Terre des Hommes ou l'abbé Pierre, des scientifiques qui n'ignorent rien des souffrances de l'Afrique protestent, crient à l'inutile, parlent de «désert show». Sans la télévision et le mécénat industriel, que serait ce rallye mondain, épreuve-salon où l'on cause et où les humbles, il est vrai, les «sponsorisés» à la petite cuillère, trouvent quand même un strapontin ? En Ethiopie, les quatre gros porteurs «Hercules» du CICR doivent se contenter de larguer en rase-mottes les sacs de céréales. Il y a trop de bouches à nourrir : on ne prend même plus le temps de se poser. Sur ce continent où les contrastes sont violents et font partie d'un triste quotidien, le 8ème Paris-Dakar jette une nouvelle zone d'ombres. L'Afrique a besoin d'autre chose que ce rallye un peu snob, involontairement sadique et singulièrement inutile.

 

Cl.-P. CHAMBET

 

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