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L'inoubliable Daniel Balavoine
21 mars 2019

Claire Balavoine « Daniel n'aimait pas le star-système » (Le Parisien, 30/12/2015)

 

Propos recueillis par Éric Bureau

Claire Balavoine nous raconte son frère, disparu il y a trente ans, à l'occasion d'un très beau documentaire.

parisien2015

Trente ans après sa disparition, elle parle toujours de son « petit frère » au présent. Claire Balavoine était la grande soeur de Daniel Balavoine, de neuf ans son aînée. La plus proche aussi dans une fratrie de sept. Depuis la mort du chanteur, le 14 janvier 1986, elle prolonge son engagement humanitaire en présidant et animant l'Association Daniel Balavoine*, qui aide au développement agricole et scolaire au Mali. Elle témoigne dans le poignant documentaire de Didier Varrod et Nicolas Maupied, « J'me présente, je m'appelle Daniel », diffusé ce soir à 20 h 50 sur France 3. Rencontre. En sortant de la projection privée du documentaire, vous sembliez émue ? CLAIRE BALAVOINE . Bien plus qu'émue ! Je suis toujours bouleversée par ce petit... Quand Daniel parle, chante ou gueule, quand j'entends sa voix, je suis complètement secouée. Elle avait une douce violence. Plus le temps passe et plus je me rends compte combien nous étions proches, en fusion. Pourquoi ? Nous avions une souffrance identique. Dans la famille, Daniel a longtemps cru qu'il n'avait pas été désiré pour lui-même mais pour « remplacer » un frère disparu (Xavier, né en 1949 et décédé à 14 mois d'une méningite). Cela l'a longtemps habité. Quand on ne trouve pas sa place dans la famille, il est difficile de trouver sa place ailleurs. Soit on en meurt, soit on est solide. C'est heureusement notre cas. Enfant, il aimait déjà la musique ? Il y avait beaucoup de musique à la maison, notre mère était une vraie portée musicale. Nos frères, Yves, Guy et Bernard, chantaient souvent ensemble, mais sans Daniel : « T'es trop petit. » Alors lui s'enfermait dans les toilettes avec des bottins et se mettait à chanter à tue-tête et à faire de la batterie. Il avait 5-6 ans mais avait déjà du coffre. Avec ma mère, on se régalait. Il avait déjà trouvé sa voix, sa voie. Dans le documentaire, vous évoquez l'homme qui aimait les femmes... Qui aimait la femme. Il l'a chanté énormément et ardemment, comme dans « Soulève-moi », l'une des plus belles chansons que je connaisse sur la femme et la société. Disons qu'il avait une conscience puissante de la femme, peut-être liée à notre mère. Il y avait les officielles, Dominique, la seule qu'il ait épousée, Catherine Ferry, Linda, en Belgique, Corinne, la maman de Jérémie et Joana... Et les autres, croisées sur la route.

Un documentaire poignant Qu'aurait dit Daniel Balavoine après les attentats de « Charlie Hebdo », du Bataclan ? Qu'aurait-il fait pour les migrants ? Quels messages porterait-il aujourd'hui ? Tant de questions assaillent après avoir regardé « Je m'présente, je m'appelle Daniel », le riche et poignant documentaire que lui consacrent Didier Varrod et Nicolas Maupied, pour le trentième anniversaire de la mort du chanteur. Daniel Balavoine manque cruellement. Ses chansons lui ont survécu, « Tous les cris les SOS », « Mon fils, ma bataille », « Sauver l'amour »...On sort ému de cet hommage dans lequel le journaliste Didier Varrod, qui avait rencontré huit fois Daniel Balavoine avant sa disparition, a notamment convaincu Joana de parler pour la première fois de son père, parti cinq mois avant sa naissance. « C'est fou de voir autant de respect, autant d'amour. Le fait de comprendre qu'on n'a pas de papa, c'est difficile, mais de l'avoir lui, c'est quand même une chance », dit-elle.

Et l'engagement politique ? Avant de se lancer dans la musique, il se destinait à Sciences-po. Mais il était trop lucide pour se présenter en politique. Il le dit dans « La vie ne m'apprend rien ». Sa manière de faire de la politique, c'était de soutenir SOS Racisme, de verser une partie des recettes de ses concerts à l'Unicef, de chanter dans les prisons sans alerter les médias. Il n'aimait pas dénoncer, il préférait agir. Il y a l'image du chanteur qui serre les poings. Mais il était aussi joyeux, drôle. En répétition, pour se chauffer la voix sur « l'Aziza », il chantait « la Pizza, aux fromages ou aux anchois »... Il ne s'est jamais pris au sérieux. Il était heureux du succès dans la mesure où cela lui permettait d'être mieux dans sa peau et de s'investir dans les causes qui lui tenaient à coeur. Mais il n'aimait pas le star-système, l'idolâtrie. Il était très gêné qu'on lui ouvre les portes. Cela lui faisait peur. Vous avez déclaré une fois que votre frère envisageait d'arrêter de chanter. Mes propos ont été déformés. Je n'ai jamais dit qu'il voulait arrêter. Il en avait juste ras-le-bol du comportement de certains fans en France, il voulait avoir la paix, prendre ses distances avec un star-système qu'il n'aimait pas. Il voulait se fondre dans un groupe et avait prévu de partir travailler en Angleterre. Mais le 14 janvier 1986, il monte à bord d'un hélicoptère au Mali. Lui qui détestait l'avion... C'est terrible qu'un garçon aussi audacieux, puissant, en avance, n'ait pas osé dire non. Pourquoi avez-vous créé l'Association Daniel Balavoine peu après sa disparition ? Nous l'avons créée avec mes frères et soeur à la demande du public de Daniel. Nous recevions tellement de lettres qui nous disaient « ses idées sont les nôtres » et nous demandaient comment prolonger son action. C'était aussi une réaction à ce que nous avait dit le show-biz et qui nous avait choqué : « Dans trois mois, il sera oublié. » Trente ans plus tard, des milliers et des milliers de personnes continuent de s'investir avec nous. Nous avons installé 32 motopompes dans 23 villages du Mali. Et malgré les guerres, les conflits interethniques, les jihadistes, elles n'ont jamais été volées ou détruites.* Association Daniel Balavoine ; 4, rue du Département, 75019 Paris

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