Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'inoubliable Daniel Balavoine
20 janvier 2021

Daniel Balavoine, une voix s'est éteinte il y a 35 ans déjà (La Provence, 14/01/2021)

laprovence

 

Le chanteur est décédé le 14 janvier 1986 dans un accident d'hélicoptère

Annabelle Kempff

Le 1er janvier 1983, Daniel Balavoine se lançait dans son premier Paris-Dakar, une course à laquelle il rêvait de participer depuis deux ans déjà. Moins d'un mois plus tôt, en décembre 1982, il était venu chanter cinq soirs au théâtre Toursky à Marseille. Dans les colonnes du Méridional , il confiait alors son excitation de participer à cette grand-messe des sports automobiles. " Paris-Dakar, c'est autre chose qu'une simple course, c'est un parcours semé d'embûches (...) Physiquement, cela va être très éprouvant. Mais je n'ai pas peur outre mesure ", disait-il, tout en précisant " ne pas vouloir devenir un pilote mais le deuxième homme idéal ". Lorsqu'il prend le départ de la course à Paris, c'est Thierry Deschamps qui est au volant, mais l'équipée tombe en panne à la première étape ; Daniel Balavoine suit cependant la caravane en touriste et découvre l'Afrique qui lui inspire l'album Loin des yeux de l'Occident .

Deux ans plus tard, il tente à nouveau l'aventure, en copilote de Jean-Luc Roy ; cette fois-ci, le chanteur boucle la course et arrive en trentième position à Dakar. Il sort aussi en 1985 son album à succès Sauver l'amour , dont quatre des neuf chansons sont des tubes : L'Aziza , en hommage à sa femme juive et marocaine Corinne, dont les ventes en single dépassent le million d'exemplaires, Sauver l'amour , Aimer est plus fort que d'être aimé et Tous les cris les SOS .

Artiste libre, blessé et passionné, à la colère définitive et la tendresse masquée par une gouaille qui ne lui attire pas toujours la sympathie, Daniel Balavoine s'engage dans ces années-là, au côté de SOS Racisme notamment ou de Coluche pour les Restos du coeur. C'est justement en tant qu'ambassadeur de l'action humanitaire des Paris du Coeur (Action Écoles) et notamment de l'opération Pompes à eaux pour l'Afrique, qu'il retourne sur le circuit du Paris-Dakar. Tentant de rejoindre un bivouac à la nuit tombée, il meurt le 14 janvier 1986 à 33 ans, dans un accident d'hélicoptère, en plein désert malien. En seulement quelques années, le chanteur révélé en 1978 par la comédie musicale Starmania , aura ainsi durablement marqué le paysage de la chanson française, par sa voix haut perchée, sa musique populaire qu'il veut porteuse de messages, ses engagements et sa personnalité volcanique. Plusieurs artistes (Francis Cabrel, Johnny Hallyday, Florent Pagny, Jean-Louis Aubert, M...) lui ont régulièrement rendu hommage. Parmi eux, le Marseillais Soprano qui le cite notamment dans sa chanson Hiro .

"J'ai peur à Marseille !"

Marseille, Daniel Balavoine ne l'aimait pas vraiment. Le 27 mars 1981, il confiait dans Le Provençal , depuis le bar panoramique du Sofitel Vieux-Port, ne pas se sentir en sécurité dans cette ville. " Je vais te faire un aveu : j'ai peur à Marseille ! avait-il lancé au journaliste avec son franc-parler. Je n'y peux rien, c'est l'image que l'on m'a faite de ta ville, sur laquelle on m'a raconté, et le plus sérieusement du monde, des tas de choses pas très réjouissantes. C'est bien simple, je m'attends à y rencontrer un homme tous les dix mètres, en déambulant sur les trottoirs, un couteau planté entre les deux omoplates !" Ce soir-là, il allait chanter dans un de " ces quartiers chauds ", comme il les appelait, c'était déjà au Toursky. Il reviendra à Marseille le 15 mars 1984 pour y chanter au Stadium. Avant son concert, dans sa loge, il avait rencontré une délégation d'anciens combattants.

Depuis sa "sortie de route" en octobre 1983 dans l'émission 7 sur 7 sur TF1, où il s'était emporté contre les anciens combattants (" J'emmerde les anciens combattants !" avait-il dit, s'adressant à ceux qui préconisaient que "l a jeunesse actuelle mériterait parfois une bonne guerre "), Daniel Balavoine se confondait en excuses et explications. Le chanteur connu pour sa grande gueule, notamment face à François Mitterrand, avait cependant réagi sur le coup de l'émotion. Le jour de l'émission, venait d'avoir lieu en effet l'attentat du Drakkar à Beyrouth au Liban où son frère Yves, militaire, était basé. Une voix forte mais sensible.

" On ne peut pas faire une tournée sans passer par Marseille ", disait Daniel Balavoine en 1982 au Méridional , après avoir effacé ses premières craintes sur une ville, précédée de sa réputation (lire ci-dessus). Et c'est au Théâtre Toursky, que le chanteur aimait aller. " C'est un endroit extrêmement privilégié : il y a dans ce théâtre, un état d'esprit. C'est autre chose qu'une petite salle, qu'une simple dimension. Et puis, la notion des relations est aussi très importante ". Richard Martin, le directeur du Toursky, se souvient de " sa lucidité, sa franchise, sa générosité ; c'était un garçon qui était en connexion avec l'actualité, avec son temps, avec les gens de son temps. C'est ça qui m'a séduit chez lui. Les personnes qui se battent contre la bêtise, on ne peut que les apprécier ". Il était devenu pour lui " un frangin ", qu'il cite volontiers au côté de son ami et référence absolue, Léo Ferré, même " si ce n'est pas le poète qui m'a attiré à lui ". " Pour Balavoine, c'est un hasard qui nous a fait nous rencontrer. Ce qu'il chantait n'était pas forcément en adéquation avec mes goûts, mais une fois qu'on a compris qui était la personne, on ne se posait plus de question ", poursuit-il. Richard Martin raconte alors une anecdote pour étayer son propos. " Quand j'ai fabriqué Radio Grenouille, j'ai lancé une émission Radio Taulard, en direction des Baumettes, où les prisonniers pouvaient communiquer avec leurs familles. À leur sortie de prison, certains venaient me voir pour trouver du boulot. J'avais l'impression d'être devenu comme un centre de réinsertion de substitution. J'avais transformé un autobus en resto. Bref, un jour, j'ai confié à un garçon la billetterie des concerts de Balavoine, et de Léo Ferré d'ailleurs aussi. C'était une affaire importante. Et je m'étais fait avoir. Il avait détourné la billetterie. Il a fallu que je rembourse les places. Alors Balavoine m'a laissé la recette de son concert... Je ne vois pas beaucoup d'artistes qui feraient ça... " Quant à ses peurs sur Marseille, " il s'est rassuré tout seul ", sourit le directeur du théâtre situé à Saint-Mauront (3e).

 

Publicité
Publicité
Commentaires
L'inoubliable Daniel Balavoine
Publicité
Archives
Publicité