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L'inoubliable Daniel Balavoine
4 août 2021

Daniel Balavoine, ne plus vivre mais survivre ( Le Figaro, 9 janvier 2016)

balavivre

 

MUSIQUE TF1 consacre ce soir un hommage au chanteur disparu il y a 30 ans. D'autres artistes, morts ou dédaignés de leur vivant, connaissent parfois un retour de flamme inattendu.

Nuc, Olivier

La France cajole ses chanteurs en des circonstances bien précises : lorsqu'ils passent de vie à trépas, et une fois qu'ils ont interrompu leur carrière. Pour la sixième fois, Jean-Jacques Goldman - dont la discographie est entre parenthèses depuis quinze ans - est plébiscité comme personnalité favorite des Français dans le classement annuel du JDD . On applaudit le retour de Renaud, qui a marmonné quelques notes jeudi soir sur la place de la République à Paris, tandis que Michel Polnareff tente un énième come-back avec un single si peu inspiré, prétexte à une tournée en forme de juteux relevé des compteurs. Pourtant, ces deux vétérans, qui n'ont que très peu brillé ces dix dernières années sur le plan créatif, bénéficient d'un crédit encore plus important que du temps de leur splendeur.

À sa mort, Michel Delpech, qu'on avait largement sous-estimé ces dernières années alors qu'il poursuivait un parcours d'une grande dignité, fut redécouvert comme l'auteur et interprète majeur qu'il était. Directeur musical de France Inter, Didier Varrod analyse cet engouement pour les chanteurs du patrimoine par la difficulté de la période actuelle. « En ce moment, à la sortie d'une année très difficile, les Français regrettent la mélancolie heureuse de la décennie 1970. Les chansons de Delpech sont comme des films de Claude Sautet : des instantanés de cette période à laquelle on se raccroche en se disant qu'elle était formidable, alors qu'elle ne l'était pas tant que ça. »

Disparu le 14 janvier 1986 pendant le rallye Paris-Dakar, qu'il suivait afin d'installer des pompes à eau sur le continent africain, Daniel Balavoine fait actuellement l'objet d'un spectaculaire retour en grâce. Pas moins de quatre livres lui sont consacrés, et la télévision a déjà diffusé deux documentaires qui ont connu un succès fracassant. Au total, plus de 3 millions de téléspectateurs ont visionné J'me présente, je m'appelle Daniel , diffusé le 30 décembre dernier en prime time sur France 3. Un autre ( Vivre ou survivre , diffusé sur W9 le 5 janvier) a pour sa part rassemblé 1 million de personnes. Des chiffres impressionnants qui témoignent de l'énorme affection du public pour le chanteur dont la carrière n'a duré que dix petites années mais qui est adoré par une génération née dans les années 1980. Les rappeurs Youssoupha, Soprano et Orelsan, mais aussi la chanteuse Christine and the Queens considèrent tous l'auteur de Sauver l'amour comme une influence majeure sur leur travail. « Les chansons de Daniel Balavoine ont toujours été diffusées, ce qui est rare, explique Varrod. Cela a assuré leur pérennité. »

Pourtant, la génération intermédiaire, celle de la « nouvelle chanson française » du début du siècle, ne citait pas le chanteur comme une référence, pas encore mûr à l'époque pour une réhabilitation. « Vincent Delerm l'a bien cité dans une chanson, mais en l'associant à Luc Besson et d'autres figures des années 1980. Et Cali a toujours dit qu'il se reconnaissait dans l'engagement de l'homme mais pas dans l'univers musical de l'artiste » , précise Didier Varrod, qui fut proche de Daniel Balavoine entre 1983 et 1985. Il aura fallu que les sons caractéristiques de la décennie reviennent à la mode pour que la production de Daniel Balavoine retrouve droit de cité. « Les rappeurs sont fascinés par des outils comme le Synclavier ou le Fairlight, dont Daniel était un pionnier en France. Ces machines constituent les fondements de la musique électronique. Les premiers à sortir Balavoine du purgatoire furent d'ailleurs les DJ. Un groupe comme Justice a longtemps mixé le titre Vivre ou survivre , un morceau à l'arrangement synthétique caractéristique » , poursuit Didier Varrod.

Une voix haut perchée

Inconditionnel de Peter Gabriel, Daniel Balavoine incarne la figure du « geek » enfermé en studio à la poursuite du son ultime. Sa voix haut perchée, qui fut si décriée lors de son apparition - Eddie Barclay lui-même la considérait trop efféminée pour réussir -, ne pose plus de problème à l'époque de Mika ou de Christophe Willem. « S'il était encore vivant, Daniel aurait peut-être un statut comparable à celui de Christophe » , analyse le directeur musical de France Inter. Son aîné est d'ailleurs un des seuls à se distinguer au sein de l'album de reprises que vient de sortir le label Capitol ( Balavoine(s) ), parmi les 17 interprètes invités. La faute à un casting qui ramène trop le répertoire du chanteur du côté de la grande variété (Zaz, Emmanuel Moire, Shy'm, Florent Pagny, Zaho, Jenifer...).

Avec beaucoup d'élégance, Bénabar vient d'annoncer qu'il n'était pas question de mettre en chantier un album de reprises de Michel Delpech, contrairement à ce qui a été annoncé précipitamment sur certains sites. Mais il y a peu de chances que l'on échappe à l'hommage télévisé de Michel Drucker.

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