Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'inoubliable Daniel Balavoine
5 septembre 2021

Balavoine : un doux fort en gueule (Sud Ouest, 16/01/1986)

douxLe «pitchoun » ne reviendra plus à Saint-Sever. Les «Shake's» de Pau ont perdu une nouvelle fois leur chanteur... Daniel Balavoine a trouvé la mort au bout d'une de ses aventures qui lui donnaient la fureur de vivre. Un appétit qu'il venait calmer à Biarritz par de longues promenades avec sa femme et son fils Jérémie. Ce fut la dernière étape qu'il effectua au début de l'année, avant son ultime rendez-vous.

Dernier-né d'une famille de sept enfants, le chanteur a passé son enfance à Saint-Sever, avant de gagner Pau. C'est là qu'il fut atteint par le virus de la musique avec le groupe «les Shake's». Puis, en 1971, il décide de monter à Paris où il mangera son pain noir jusqu'à ce que l'imprésario de Patrick Juvet l'engage comme choriste. Grâce à son talent et à son obstination, il parviendra alors à enregistrer un premier disque et il connaît le succès avec «le Chanteur» en 1978.

FACE A FRANÇOIS MITTERRAND

En quelques années, avec huit albums, et deux passages au Palais des Sports, il était considéré par la profession comme l'un des cinq premiers chanteurs français.

.. Daniel Balavoine était doté d'une sensibilité intense. Il avait chanté «Mon fils, ma bataille». Mais il n'hésitait pas non plus à l'exprimer «dans e show politique». Il avait inauguré cette attitude devant les caméras en face de François Mitterrand au cours d'un débat en 1980. Si cette intervention avait surpris , d'autres déclarations avaient un peu choqué, comme celles qu'il avait lancées aux anciens combattants. Le chanteur avait connu une peur angoissante parce que son frère Yves, officier, se trouvait au Liban lors de l'attentat de Beyrouth.

«Tu sais, disait-il à sa tante de Saint-Sever, j'ai parfois une grande gueule, mais j'ai un coeur gros comme ça...» Souvent, il regrettait ses phrases à l'emporte-pièce, mais elles jaillissaient comme l'éclair. S'il refusait de se justifier, en revanche il s'inquiétait de l'écho médiatique de ses réflexions pour ne pas blesser sa famille. Il ne voulait pas que ces derniers aient pu être peinés par son comportement. Ce garçon vrai et authentique appliquait une ligne de conduite à laquelle il croyait: «je hais le racisme parce qu'il est la démonstration la plus pitoyable de l'intolérance.

» Et pour corroborer cela, il avait écrit une ode à son épouse, juive marocaine : «l''Aziza». Mais aussi pour son fils Jérémie et le deuxième enfant (qu'ils s'apprêtaient à accueillir, a Biarritz') où il avait recréé ses racines et désirait revenir en février. Car, il y a douze jours, il débordait de projets et était heureux. A 33 ans, il avait réussi à imposer sa musique. Au cours d'une de nos rencontres il m'avait dit: «C'est vraiment agréable de se regarder dans une glace sans rougir ou avoir honte». Le destin a brisé le miroir.

Comme il l'avait souhaité, Daniel Balavoine serait inhumé à Biarritz.

Publicité
Publicité
Commentaires
L'inoubliable Daniel Balavoine
Publicité
Archives
Publicité