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L'inoubliable Daniel Balavoine
27 juin 2013

Il incarne une nouvelle génération de chanteurs...

Il incarne une nouvelle génération de chanteurs...

LE MATIN 25/1/78

Avant, le chanteur Daniel Balavoine, qui connaissait ? Il a surgi un beau matin de septembre dans le flot de la production phonographique internationale, noyé dans la pile quotidienne des nouveautés. Et d'un seul coup, le raz de marée : il se hisse en quelques semaines en tête des hit-parades. Une

surprise ?

Pas pour tout le monde. Daniel Balavoine n'est pas de ces comètes fugitives qui éclatent au

firmament de la chanson pour s'étioler le lendemain dans une poussière d'amertume.

Il a derrière lui sept ans de chanson (dont quatre en professionnel) et deux albums déjà, superbes

mais à l'audience demeurée plutôt confidentielle. Il dit :

Le succès pour moi a été progressif, lent, voulu, presque programmé. Je trouve même que

ça va trop vite, que je suis passé un peu trop brutalement d'un niveau à l'autre. Bien sûr, je ne m'en plains pas : je ne veux pas être marginal et ne chanter que pour les maisons de jeunes. Etre au hit-parade, par exemple, c'est pour moi une satisfaction extraordinaire.

Mais tout ça me dépasse tout de même un peu ..."

Pour lui après quatre année de purgatoire - c'est relativement peu - , la sortie du tunnel aura

donc été éblouissante. Jusque-là, il n'était qu'un "Jocker" dans les cartons de sa maison de disque

qui, pourtant, l'a toujours soutenu :

"Mon directeur artistique, Léo Missir, avait une foi totale en moi. Il me laissait enregistrer des

disques dans les conditions idéales, et ça, c'est l'extrême privilège dont puisse disposer un artiste.

Même quand ça ne marchait pas, je n'ai jamais éprouvé d'amertume. Laisser venir l'aigreur, c'est comme une maladie : moi j'ai toujours lutté contre ça. Et pourtant, j'aurais pu, parce que je

considérais que tout était de ma faute. Et j'en reste persuadé : si mes deux albums précédents n'ont pas marché, c'est que les chansons ne devaient pas être totalement abouties. Finalement,

l'acomplissement n'est total que si une fois tu viens d'accoucher, les gens trouvent le bébé beau. En effet, le seule crainte que j'avais lorsque je ne marchais pas, c'est qu'on ne me laisse plus enregistrer."

Et puis, un beau jour donc, c'est le miracle, une espèce de tourbillon frénétique : à vingt ans,

la gloire. Il avoue, dans un sourire : "Pendant une semaine, ça m'est vraiment monté à la tête, ça tournait de tous les côtés quand même. Je me disais "J'avais donc raison tous des cons..." Ca a duré une semaine puis je m'en suis aperçu, je suis alors parti dix jours, très vite, loin de tout ça, de tous ces gens qui me proclamaient le plus beau, le plus merveilleux, le plus fantastique. En me retrouvant seul au moment où tout s'embrouillait dans ma tête, j'ai pu remettre les choses au clair et j'ai évité le pire, de justesse...

En fait, le succès change tout et rien à la fois. Ca a tout de même modifié mon mode de vie : j'aime pas trop travailler, et il faut désormais que je le fasse.

Des gens qui ne me parlaient pas, me trouvent à présent prodigieux... je commence aussi à avoir de l'argent, et je vais peut-être enfin réaliser mon rêve : m'acheter un piano Steinway. c'est mon rêve depuis sept ans, mais c'est un rêve de sept millions. Presque chaque fois que je me suis installé à un

Steinway, j'ai écrit une chanson. Parce qu'il se passe quelque chose.."

Il dit encore, songeur :

"A présent, il va falloir entretenir la flamme, non pas pour perpétuer le succès, même si c'est

important, que pour ce problème de l'accomplissement. C'est désormais une question de travail.

J'espère ne pas tomber dans un procédé, mais aussi que mon style s'affirmera, qu'il y aura une

"manière Balavoine".

Daniel Balavoine est un passionné. Il a passé des heures en studio avec les techniciens

pour comprendre leur travail, pouvoir en discuter avec eux.

"Je veux participer à la création d'un disque de la première note que j'écris jusqu'à la dernière

seconde du mixage, parce que tout ça m'appartient après tout. Un disque, c'est plus qu'un cadeau,

ce sont des plans entier de soi-même, une livraison de son être.

Il y a là un côté exhibition, prostitution même, que je ne renie pas. Dans mes chansons, j'ai vraiment l'impression de donner le meilleur de moi-même."

Comme Souchon, comme Duteil ou Jonasz, Daniel Balavoine fait partie de cette nouvelle

génération de chanteurs totalement authentiques. Il ne fabriquent rien : ils "sont".

Les bravos, l'argent ou la gloire ne lui sont pas montés au cerveau. Tête froide et pieds sur terre, presque trop raisonnables, ces nouvelles vedettes bâtissent des vies quasi ordinaires, très loin que ce que fit parfois la légende de leurs aînés. Le succès ne les grise pas, on dirait même qu'il les effleure à peine... Par contre, ils se montrent beaucoup plus préoccupés par ce qu'ils ont à dire.

Richard Cannavo

 

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