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L'inoubliable Daniel Balavoine
11 juin 2021

Balavoine fait chanter Jeanne Mas (Salut mars 1985) suite

salut1985Rencontre au sommet : deux habitués des sommets des hits-parades. A ma gauche, casaque sombre, les cheveux ébouriffés avec science et spontanéité : Jeanne MAS, la seule véritable nouvelle star féminine de la chanson française révélée en 1984.
A ma droite, cuir noir, t-shirt blanc immaculé, les cheveux non moins ébouriffés, mais par hasard : Daniel Balavoine, star consacrée et inamovible. Mas-Balavoine : le talent en stéréo !
Pendant une dizaine de jours, le studio du Palais des Congrès a accueilli les deux plus beaux fleurons de la chanson tricolore : dix journées et parfois même les nuits. Surtout même les nuits. Pour raison professionnelle bien sûr. Une aventure musicale qui avait commencé à l'automne. A l'époque, Jeanne, malgré le succès grandissant et même étouffant de "Toute première fois", pensait déjà à la suite. Pas question pour elle de n'être qu'une étoile filante, ou en terme de marketing : un one shot ! Un coup ! Et pour s'imposer en tant qu'artiste à part entière, rien de mieux qu'un autre hit. Mais Jeanne voit encore plus loin. Le hit potentiel, elle pense déjà l'avoir. Il s'appellera "Johnny, Johnny". Le futur - en l'occurence présentement - lui donnera raison. Dans la foulée, elle veut aussi sortir un album, "son album", le premier. Pas de problème. Ses cahiers sont remplis de textes. Les crânes de ses compositeurs attitrés et italiens débordent de nouvelles mélodies. Les rendez-vous avec les fameux studios transalpins sont pris. Et soudain, Jeanne fait un caprice. Un caprice ? Non ! Un coup de foudre ! Un coup de coeur en stéréo !
Vous vous souvenez des confidences de Jeanne quant à ses préférences musicales en matière d'artistes français : Daniel Balavoine arrivait en tête de liste, haut la main. Les qualités, le talent d'écriture de Daniel, la production raffinée et originale de ses disques avaient donné une grande claque aux petites oreilles sensibles de Jeanne. De là, sa grande idée : demander à Balavoine de prendre en charge la réalisation d'un ou deux titres de l'album en cours de gestation. Pour le plaisir. Son plaisir. Travailler avec ce grand du show-bizz pour notre plaisir à tous. Celui d'assister à la rencontre de deux talents hors-pair sur le même microsillon.


Daniel BALAVOINE :J'étais à la maison et j'ai reçu un coup de téléphone. C'était Jeanne Mas. Elle me demandait de réaliser deux titres de l'album qu'elle était en train d'enregistrer. Surprise ! Et contentement. Pour plusieurs raisons. D'abord parce que j'avais beaucoup aimé son premier titre, je m'en étais même ouvert au micro d'une radio en la citant, avec Axel Bauer, parmi les nouveaux chanteurs dignes de ce nom. Ensuite parce que depuis deux ans, avec Andy et Joe (NDLR : Andy Scott et Joe Hammer, les complices, garants du son Balavoine), nous essayons de créer une cellule de production artistique. Pas financière, artistique seulement ! C'est-à-dire la création de notre propre famille de sons, mise au service d'autres artistes. On était donc heureux : on venait nous chercher pour la réalisation, la création d'un son, et sur des titres écrits par d'autres !

Jeanne MAS: Daniel semblait très excité, enthousiaste ! Je lui avais fait écouter quatre titres. Il en a choisi deux : "Coeurs en stéréo" et "Oh Mama !"

Daniel :"Coeur en stéréo", c'est devenu un bulldozer ! On a pris la chanson telle qu'elle était et on a commencé notre entreprise de démolition. C'est-à-dire que nous sommes partis dans une toute autre direction que celle qu'avait prise le compositeur de la chanson. Nous avons voulu rendre le son de Jeanne beaucoup plus..."voyou" ! Pas plus agressif, mais plus ouvert, plus caricatural. J'ai essayé de rattraper le décalage qu'il y avait entre le son qu'elle avait jusqu' ici et l'image qu'elle donne.

Jeanne : Je m'attendais à ce que Daniel soit un bosseur, mais pas un bourreau de travail ! Pendant les dix jours qu'a duré l'enregistrement, il s'attelait à la table de mixage à 1 heure du matin et ne la quittait pas avant 5 ou 6 heures du matin. Il est même arrivé, par deux fois, qu'il termine à 8 heures du matin ! Mais on s'est beaucoup amusé !

Daniel : Pour que je travaille avec Jeanne, il fallait à la base que j'en pense du bien, que je l'estime. Elle écrit de très beaux textes, très particuliers. C'est certainement l'une des seules chanteuses françaises à avoir ce talent. En studio, nous avons énormément travaillé. Comme il y avait, sur les morceaux que j'ai réalisés, une masse sonore importante derrière elle, beaucoup plus puissante que sur les autres morceaux, elle a été obligée vocalement de sortir de ses gonds ! Mais je crois que ça donne un son canon ! Nous avions écouté "Johnny, Johnny", ça nous a servi. Ainsi, nous avons tout fait pour ne pas faire la même chose.

Jeanne : J'ai découvert en Daniel un être extrêmement chaleureux et surtout humain...sur tous les bords. Il a une volonté de réussir, de gagner qui correspond à mon tempérament. Il est aussi doué d'une qualité étonnante : il est persuasif. Malgré mon caractère, qui n'est pas... disons facile !, en cas de différend, il trouvait toujours les arguments, les raisons pour avoir le dernier mot !

Daniel : Dès le départ, j'ai prévenu Jeanne : "O.K., tu veux travailler avec moi, mais on va faire comme je le veux !"... En fait, j'ai essayé de lui apprendre des choses par rapport aux méthodes de travail qu'elle avait. C'est-à-dire, quand elle chantait en studio, je ne lui disais pas : "C'est bon, c'est mauvais, tu chantes comme une gamelle", je la faisais venir en cabine pour qu'elle se juge elle-même. C'est à l'artiste de juger, lui-même, de ses qualités. Quand on chante en studio, étant donné qu'il n'y a pas de public à séduire, c'est soi-même que l'on doit séduire. Si on essaie de transmettre un sentiment, il faut pouvoir le percevoir soi-même ! Quand j'ai dit à Jeanne que l'on ferait tout comme de le décidais, ce que je voulais, avant tout, c'était sa liberté d'artiste !"

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