Arrêtez, un peu de respect !
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Un jeune homme qui ne doute de rien, tonique, plein d'insolence... Un artiste de variétés qui saute pieds joints des pages spectacles à celles des faits de sociétés. Sans perdre la tendresse. Flash-back. Au moment de cette interview, Daniel Balavoine était éditorialiste, chaque fin d'après-midi, sur 95,2, une radio privée parisienne. Quinze petits billets d'humeur, frais du jour, percutants et pourfendeurs. Thèmes : le discours électoral, la famine du Nordeste... et les excédents agricoles du Marché commun, les élections à la sécurité sociale, les armes chimiques et bactériologiques... "Ah ! mercredi, j'ai créé 7 000 emplois". ??? "Ben oui, en autorisant la pub sur les radios libres". C'est Georges Fillioud qui a dû être content. A l'heure du café, quelques musiciens rappliquent. Joe Hammer, le batteur, ou était-ce Christian Padovan, le bassiste ("Le meilleur bassiste d'Europe" a dit Drucker. "D'Europe ou de rock ?", rigolent ses petits camarades) en a une bien bonne à raconter : à partir de janvier les micros H.F. seront interdits. Motif : ils perturbent les fréquences policières... Opportune transition pour en venir au dernier album de Daniel Balavoine, mitonné cet été en Angleterre. Tonique, rythmé, dansant. "Ma méthode de travail, c'était : "Qu'est-ce qu'il faut faire comme chanson pour que ça sonne ? J'ai fait les textes après avoir enregistré les rythmiques. Les chansons ont été conçues en fonction de la scène, de ce que les spectacles pourraient reprendre, retrouver comme gimmicks." On pourra en juger lors de la tournée du chanteur à travers la France en février, mars, avril prochains. Paris, ce sera pour l'automne. Où ? mystère encore. La nouvelle salle de la Villette est très convoitée, mais puisque le toujours et plus que jamais fringant Johnny Hallyday l'occupera, quatre mois d'affilée, à la rentrée 84... Revenons à ce nouvel album, intitulé "Loin des yeux de l'Occident". Album qui sonne bien, certes, album de musicien. Mais les mots sonnent bien aussi. En témoignent des chansons comme "Pour la femme veuve qui s'éveille", "Frappe avec la tête" ou "Révoluccion"... "Quand j'ai vu comment vivaient les femmes en Afrique, en rentrant, j'avais envie de dire aux Occidentaux : arrêtez, quoi, un peu de respect ! Ce disque dit l'essentiel, prend du recul par rapport à notre nombrilisme". Et le chanteur ? "En décembre, je vais travailler dix jours aux Etats-unis avec Chritopher Cross. En 1985 : encore un album, un mois à la Villette en septembre, ah oui ! La course de Paris-Dakar, aussi... Après, je repars à zéro. En Angleterre ou aux Etats-unis. On verra. C'est tentant. Je tente ". Il ne doute de rien, Bala. Banco !
Anne-Marie Paquotte |