Balavoine au Printemps de Bourges

Balavoine au
Printemps de Bourges

Le Berry Républicain,
27/2/84

Daniel Balavoine ne serait-il qu'un mangeur de yaourt ? Convenez avec nous que la question est d'importance. Gardes, faites entrer l'accusé !

Vêtu d'un costume blanc, encore plus blanc que ne le dit la publicité; Daniel Balavoine a comparu l'autre soir au Palais des Sports d'Orléans devant deux mille cinq cents jurès. L'acte d'accusation est accablant : depuis qu'il est célèbre, on lui reproche de violer les filles la soir dans les parkings et de livrer bataille pour le fruit de ses entrail1es. Et accessoirement, d'avoir mouché proprement, et en direct à la télé, celui qui allait devenir président de la République en 81.

Le procureur prononce un réquisitoire terrible contre le prévenu et demande que celui-ci chante pendant deux heures et demi, rappels compris.

Alors pendant tout ce temps-là., Balavoine s'est efforcé de convaincre les spectateurs qu'il était encore ce petit Henri, qui voudrait bien réussir sa vie, être aimééééé, être beau, gagner de l'argent et surtout être intelligent. A la lecture de son casier judiciaire, on s'attendait à voir un accusé musclé, un gros-méchant-mou du rock'n'roll. Mais c'est terrible les idées reçues, surtout quand elles ne collant pas avec la réalité. Car Dany, comme disent les groupies, présente un spectacle très " variété" propre certes, mais sans émotion. Pas beaucoup de présence sur scène, pas de frissons qui vous parcourant l'échine. Ceci dit; si le début peinait à décoller, la fin (qui justifie les moyens) a mieux marché puisque le petit Balavoine a interprêté ses vieux tubes. Et puis le public était content car il était composé de fans.

Un rappel, deux rappels. Il est parti par ici, il repassera par le "Printemps de Bourges" dans un mois. On a été le voir dans les coulisses, sous l'oeil (envieux) d'une poignée d'adolescentes et sous le regard glacial des cerbères de service. " On ne passe pas, Daniel prend sa douche. Faut attendre." - Alors on attend. Un quart d'heure plus tard, . "Daniel se repose" -. Encore un bon quart d'heure et Daniel est prêt -. Après avoir montré carte blanche et de presse, on est introduit dans le sanctuaire, un vestiaire du Palais des Sports. Il est là, il dispose de cinq minutes.

Le type est sympa, simple même, plus en tout cas que son entourage. Il vous cause de musique, de rock, de Charlélie Couture qu'il trouve "fantastique" et d'Higelin qu'il trouve : "incomparable, car il a son style" - Il rappelle ses galères, quand il avait quinze ans et que personne ne s'intéressait à la musique de son groupe, il dit avoir traîné dans les studios d'enregistrement pendant deux ans, avoir fait des choeurs pour les autres, avoir regardé " comment ça se passe". Et puis il a enregistré "Le Chanteur " dont le succès ne le surprend pas car " j'y travaillais depuis deux ans. Ce qui m'a étonné, c'est l'ampleur du succès., quatre chansons d'un coup dans le hit"

Et vous allez présenter le même spectacle au Printemps que celui du Palais des Sports d'Orléans ? ." Oui "-. Ah bon ! Et c'est vous qui avez demandé de venir à Bourges, ou ce sont les organisateurs qui vous ont invité ? " Alors là il, faut voir mon manager" -. Celui-ci répond que y'a longtemps que Balavoine était dans l'air au Printemps, et qu'il était content d'y venir. Apres en avoir délibéré, la critique accorde les circonstances atténuantes à Riton et le met à l'épreuve pour son spectacle du " Printemps", faute de quoi il sera dit haut et fort sur la. place publique que Balavoine n'est qu',un mangeur de yaourt !

J.M. Chevalier