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L'inoubliable Daniel Balavoine
18 novembre 2021

Analyse de la chanson La Porte est close (L'Inoubliable n° 65)

1977

Le deuxième album de Daniel Balavoine commence de façon originale : par un instrumental. Peut-être est-ce pour préparer l'auditoire à un ensemble de textes très durs visant à décrire l'univers carcéral des Berlinois de l'Est. Faut-il être engagé, inconscient ou les deux pour composer un album concept sur le Mur de Berlin quand on est un chanteur de 25 ans inconnu ? Oui sans aucun doute. Mais si Daniel Balavoine a tenté ce pari, c'est que la rencontre d'un chanteur polonais qui rêvait de chanter à l'Olympia lui a permis de réaliser l'enfer vécu par les gens habitant derrière ce que l'on appelait le « Rideau de fer ». Balavoine avait rencontré ce chanteur en 1976. A l'époque il suivait la tournée mondiale de sa compagne, Catherine Ferry, qui était invitée de par le monde pour chanter son succès « 1, 2, 3 ». On imagine facilement l'effet des propos du chanteur polonais sur le jeune Balavoine, déjà écorché vif et militant des Droits de l'homme (on sait que plus tard il soutiendra Amnesty international). Il n'a sans pas fallu longtemps  à Daniel pour que germe l'idée d'un disque visant à dénoncer l'enfer soviétique imposé aux Est-Allemands. Déterminé, Balavoine a reçu le soutien de son producteur Léo Missir. Il s'est alors documenté (notamment à l'ambassade de RFA à Paris mais a été très mal reçu par l'ambassade de RDA).

 

La première chanson installe le climat de violence de Berlin. Les deux frères, Simon et Gunther vivent tous deux dans cette ville mais Simon est à l'Est tandis que Gunther est à l'Ouest.  L'Allemagne vaincue a été divisée en deux en 1949. La RFA, à l'Ouest est démocratique et sous l'influence des Etats-Unis alors que la RDA est contrôlée par l'URSS et les Est-Allemands sont surveillés en permanence par la police politique, la sinistre Stasi. Les Etats-Unis et l'URSS n'ont pas réussi à s'entendre sur le sort de Berlin. La situation est très tendue au point qu'on craint une troisème guerre mondiale au moment du blocus de Berlin. Les Berlinois vivant à l'Est fuient à Berlin-Ouest. Les autorités soviétiques et Est-Allemandes n'acceptent pas cette situation. Ainsi, le 13 août 1961, les soldats Est-Allemands construisent un mur en une nuit.

 

C'est ce que raconte Daniel Balvoine dans cette chanson avec le rendez-vous annulé des deux frères. Balavoine évoque la rue Bernauer. Ironie du sort, c'est l'endroit même où l'on peut voir encore aujourd'hui le dernier vestige du Mur de Berlin car les autorités ont décidé d'en conserver un pan à cet endroit pour le devoir de mémoire.

 

Balavoine décrit de façon juste le dogme stalinien déshumanisant et sectaire puisqu'il est dit aux parents de Simon « qu'il ne fallait rien regretter » et que Gunther « n'était plus leur enfant ». Sous-entendu, le « paradis » vendu par la propagande soviétique pouvait amplement suffire aux bonheur quotidien des Est-Berlinois au point de ne pas regretter leur vie passée, leur vie avant le Mur. Balavoine trouve les mots pour souligner l'aspect manichéen de la doctrine soviétique : « le mauvais côté du pays » choisi par Gunther. C'était vraiment aussi simpliste que cela : les bons étaient les soviétiques et les méchants étaient les « impérialistes ».

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